En janvier 1993, Les Cahiers du musée national d’Art moderne publiait la correspondance de Christian Zervos à Vassily Kandinsky. La liasse se composait de lettres et de cartes postales échangées entre les deux hommes de 1928 à 1933, date de l’installation de l’artiste en France. Le premier, Zervos, est alors l’éditeur de la toute récente revue Cahiers d’Art ; le second, Kandinsky, est, pour un temps, maître au Bauhaus. Bien qu’incomplète, cette correspondance méritait publication. Source capitale pour l’historiographie de l’artiste d’origine russe et de manière plus générale pour la compréhension des années 1930, elle permettait surtout d’initier l’histoire des Cahiers d’Art. À la bibliothèque Kandinsky, la création du fonds d’archives des Cahiers d’Art rendait l’opération encore plus concrète.
Exposer Kandinsky à Vézelay, ce n’est certainement pas proposer une rétrospective de son œuvre. Ce serait plutôt présenter l’artiste dans son rôle de passeur. Passeur depuis une Allemagne bousculée de l’entre-deux-guerres, relais des idées du Bauhaus auprès d’un éditeur parisien. C’est exposer un peintre en quête d’une (re)connaissance artistique, sur une scène parisienne en pleine effervescence. Enfin, c’est aussi exposer Kandinsky graveur, relais un temps donné d’un point de vente en Allemagne tant espéré par Zervos.